Extraits de la 3e conférence

 

LES RYTHMES DE LA NOUBA MAROCAINE

 

Par Faouzi BENTARA

 

table des matières

 

I - AVANT-PROPOS

II - LES INSTRUMENTS DE PERCUSSION

III - LES RYTHMES DE LA MUSIQUE AL-ÂLA :

1) LE BASÎT

2) LE QA IM WA NIçF

3) LE BTAYHÎ

4) LE DARJ

5) LE QUDDÂM

IV - LES RYTHMES DU GHARNÂTÎ

V - RéCAPITULATIF DES RYTHMES ET DES ILLUSTRATIONS SONORES

 

 

 

"Le rythme est, en musique arabe, l'élément principal et prépondérant de toute composition vocale ou instrumentale. Il supporte, comme un tuteur, la ligne mélodique et le guide dans son développement…" ( d'Erlanger, vol 6 ) .

Le principe fondamental de la rythmique arabe est la périodicité : la mélodie rythmée doit se dérouler obligatoirement sur une succession de périodes ayant la même durée et où les mêmes accents, les mêmes battements forts et faibles, reviennent dans le même ordre de succession.

Les différents battements :

les accents principaux :

- le dum ( fort, = coup mat, sourd et dense )

- le têk ( faible = coup sec et clair )

les accents intermédiaires :

dum-mah

 

- Le mah ( prononcé "mé" ) : moins fort que le "dum". On l'ajoute à ce dernier pour partager le temps qui le sépare du battement suivant et donner plus d'unité à la mesure qui ne saurait s'accommoder sans fléchir, de silences par trop longs. On ne rencontre jamais un "mah" après un "têk".

Têk-kâ / têk-kah

 

- Le : moins fort que le têk, un demi-têk, en quelque sorte. On l'ajoute au "têk" pour partager le temps qui le sépare du battement suivant lorsque ce temps est relativement long. Il ne vient jamais à la suite d'un "dum". Le groupe "têk-kâ" est en somme un "dum-mah" moins intense.

- Le kah ( prononcé "ké" ) : moins fort encore que le "têk". On l'ajoute à ce dernier quand on veut partager le temps qui le sépare du battement suivant; mais seulement lorsque ce temps est relativement court.

 

Le groupe têk-kah est en somme semblable au têk-kâ, quant à la forme et en diffère par la quantité.

Tâ- hak

- le tâ : est un têk plus faible, plus mat.

- Le hak : soit un double têk, autrement dit, deux têk exécutés simultanément, ou presque.

Le tâ et le hak se jouent toujours ensemble, le premier précédant le second; leurs durées respectives, généralement égales, ne sont jamais plus courtes qu'une noire; le groupe tâ-hak ne se rencontrent que dans l'une des dernières mesures de la périodes des grands rythmes pour en annoncer la fin.

 

MODèLES :

 

Le dârij ( yurûk ) :      3/8    e            E            E           Wahdah :    4/8   e               7            E                                   E

                                       dum          têk          kâ                                 dum   -          dum     mah

 

LE TAWSÎD

( = Battement du rythme avec les mains et les genoux )

 

Pour un gaucher ( sinon, il faut inverser ) :

 

Le dum : la main gauche ( ouverte ) frappe le genou gauche.

Le têk : la main ( ouverte ) frappe le genou droit.

Le dum –mah : la main gauche frappe le genou gauche ( dum ), ensuite avec la même main frapper la genou droit ( mah ).

Le têk-kâ : la main gauche frappe le genou droit ( têk ), ensuite, la main droite frappe le genou droit et moins fort ( kâ ).

Le têk-kah : comme le têk-kâ.

Le tâ-hak : levée des deux mains ( tâ ), ensuite, les deux mains heurtent le genou droit ( hak ).

 

 

 

II – LES INSTRUMENTS DE PERCUSSION

 

 

LE TÂR :

 

Instrument à percussion, appelé également "riq" au Proche-Orient. Le târ est constitué d'un cadre de forme circulaire à membrane unique de poisson ou de chèvre. Le cadre de 20 cm de diamètre ( parfois 15 cm, au Maroc ) comporte des petites cymbales en cuivre.

Maintien du târ pour un gaucher :

Au Maroc, le târ est maintenu dans la main droite, le pouce passé à l'intérieur du cercle; il est tenu à hauteur de l'estomac, perpendiculairement au corps ( en Tunisie, en Egypte…, il se trouve dans un plan parallèle au corps ). Ainsi maintenu, le târ oscille autour de ce plan, tantôt rabattu vers l'avant-bras par contraction du poignet, tantôt ramené à sa position initiale et le dépassant en sens inverse; ce qui fait entendre le choc des cymbalettes entre elle.

Quant à la main gauche, c'est elle seule qui frappe sur la peau de l'instrument ( en Egypte, les deux mains frappent alternativement sur la peau ) dans trois zones différentes :

 

- sur le bord-même, tantôt avec un seul doigt, tantôt avec la base externe du pouce : c'est le coup clair, appelé "tek".

- Sur le tiers extérieur de la peau, en général avec les doigts joints à plat, parfois avec la paume ou bien encore avec l'extrémité d'un seul doigt : c'est le coup profond et vibrant, appelé" "dum".

- Au centre de la peau, avec le poing à demi-fermé. Ce coup, que l'on classe avec le tek, participe du dum qu'il remplace parfois dans la mesure. Il est en effet à la fois profond et sec, mais sans vibration de la peau…

 

 

LA DARBOUKA :

 

Instrument à percussion, la darbouka se présente sous l'aspect d'une cruche de terre cuite à pied creux, couverte d'une peau de chèvre, de mouton ou de poisson. Aujourd'hui, elle est fabriquée en laiton ou en métal, où un cercle de fer, fixé par des vis que l'on règle à volonté pour rehausser ou baisser la hauteur du son, tend la membrane. Durant le jeu, l'instrument est tenu horizontalement, la membrane en avant, sur la cuisse et sous le bras gauche ( pour un droitier ).

III – LES RYTHMES DE LA MUSIQUE AL-ÂLA*

 

*Al-ÂLA = musique chantée accompagnée par des instruments

 

Ville : Fès, Tétouan, …

La nouba marocaine passe par cinq phases ( ou mawâzîn, sg. mizân = mesure ); chacune possède un rythme particulier; d'où elle tire son nom, et dont le mouvement progresse insensiblement du lent au très vif. ( du "muwassa'" = large, en passant par le "mahzûz" = relevé, pour finir avec l'"inçirâf" = allant, rapide- le passage d'un mouvement à l'autre s'appelle "qantara" )

Chaque rythme est exprimé de trois manières, selon qu'il est joué avec les mains et les jambes ( tawsîd = appui , une manière d'acquérir le rythme ), avec la darbouka ou avec le târ.

D'autre part, pendant le chant, le rythme est joué discrètement, c'est ce qu'on appelle :"tebrîd, hasbî ou khâouî, selon l'emplacement dans le chant; par contre, au moment des réponses instrumentales, les percussions gagnent en richesse ( = ta'mîr ) en intensité et en ornementation ( = zwêq ) , ce qui se traduit par des silences, par subdivisions des temps longs, par des syncopes, voire par des contre-temps et de changements de types de mesures. Tout ceci est fait pour ne pas lasser l'auditeur.

les cinq rythmes sont :

 

- le basît

- le qâ-im wa niçf

- le btayhî

- le darj

- le quddâm

 

Illustrations sonores et rythmes

q = Dum

Q = Tek

Le mouvement

Le tempo

Chants / rythmes

sources

plages

Le basît

Muwassa'

Qad niltou hibbî

Cd d'erlanger

3

 

 

 

6

q q Î Î q Î

4

 

 

 

inçirâf

Ridâkoum

Cd d'erlanger

8

   

3

E E E ä e ä

4

   

Qâ-im wa niçf

Muwassa'

Mê nensê habîbî

Cd d'erllanger

9

 

 

 

 

8

q Î Î q q Î Î Î

4

 

 

 

 

 

 
 

inçirâf

Mê kountou edrî

Cd d'erlanger

11

 

 

 

 

8

e E E e e E E E

8

 

 

 

 

 

 

Le btayhî

Muwassa'

Hel toustê'âdou

4e cd v.complète

1

 

 

 

 

8

q E E Q q E E Q q Q

4

 

 

 

 

 

 
 

inçirâf

Leylêt ounsî

Cd d'erlanger

18

 

 

 

 

8

e Å E Å e Å E Å e E

8

 

 

 

 

 

 

Le draj

Muwassa'

Yê 'l-'akfê

Cd d'erlanger

21

 

 

 

 

4

E e ä e ä E E ä

4

   
 

inçirâf

-

-

-

   

-

-

-

Le quddâm

Muwassa'

Yê ghazêlên bil-himê

Cd d'erlanger

23

 

 

 

 

3

E E e ä e ä

4

 

 

 

 
 

inçirâf

Mêtê nestêrîh

Cd d'erlanger

24

 

 

 

 

6

E Å X e

16